Interview de Emilie Tafournel, Directrice qualité de la Fédération du Commerce et de la Distribution

La Fédération du Commerce et de la Distribution est une organisation professionnelle qui regroupe la plupart des enseignes de la grande distribution, qu’il s’agisse de distribution alimentaire ou distribution spécialisée. Pouvez-vous présenter en quelques chiffres clés le secteur : ses acteurs, le nombre de salariés et son évolution ?

La distribution alimentaire généraliste représente près de 678 000 salariés, dont la moitié travaillent en hypermarchés. Le secteur compte 2300 hypermarchés, plus de 5800 supermarchés, 3500 supermarchés à dominante marque propre (ex discounter) et plus de 5200 drives. Chaque jour, plus de 10 millions de clients passent la porte de nos magasins.
Le secteur est traversé par de nombreuses transformations, notamment un développement important des magasins de proximité, le développement de plus en plus de services (livraison, théâtralisation des magasins,…) et d’un modèle omnicanal, alliant commerce physique et en ligne.

La FCD a développé avec Prévention et Modération et Vin & Société en 2020 des outils de formation et d’information pour soutenir les personnels de caisse dans le contrôle de l’interdiction de la vente d’alcool aux mineurs. Pourriez-vous nous en présenter les grandes lignes ?

Le module de formation développé en collaboration avec Prévention et Modération et Vin & Société s’inscrit dans le cadre de plusieurs engagements pris par la Fédération du Commerce et de la Distribution et ses enseignes adhérentes lors de la signature d’une charte sur la prévention de la vente d’alcool aux mineurs.
Ce module, adapté aux sessions individuelles dispensées en e-learning, a vocation à sensibiliser de manière commune l’ensemble des collaborateurs des différentes enseignes. Il vise à expliquer le contexte et la législation en vigueur ainsi que la nécessité de la faire respecter, en surmontant les difficultés qui peuvent se présenter à eux sur le terrain.
Il permet ainsi de créer un environnement favorable à la bonne application de la loi en magasin. Le module s’appuie sur la signalétique développée en partenariat avec la MILDECA et sur des « trucs et astuces » à utiliser lors des contrôles et notamment pour désamorcer des situations difficiles. Le contrôle en caisse en cas de doute sur l’âge d’un consommateur peut ainsi être réalisé par les hôtes et hôtesses sans crainte, en leur assurant du soutien de leur environnement professionnel et leur hiérarchie.

Les petites et grandes surfaces et leur personnel ont joué un rôle majeur pendant la pandémie à la fois sur site et en ligne. Pourriez-vous commenter l’évolution du commerce en ligne et comment les grandes surfaces s’y sont adaptées ?

La crise a conduit à une accélération du développement du e-commerce, avec plus de 1,5 millions de nouveaux acheteurs en ligne par rapport à 2019, soit désormais 41,6 millions de Français qui font des achats sur internet, que ce soit en alimentaire ou en non-alimentaire. Et l’e-commerce représente désormais 13,1% de l’ensemble du commerce de détail de produits, soit une augmentation de 3,3 points par rapport à 2019. La France est ainsi le 2e marché e-commerce d’Europe, après le Royaume-Uni.
Certains distributeurs avaient déjà des solutions e-commerce très développés, d’autres les ont testées et déployées au plus fort de la crise. Au global, Nielsen estime que le e-commerce a pris 4 ans d’avance du fait de cette accélération des usages et des investissements.
Cette crise a prouvé, que désormais, le développement du modèle omnicanal, alliant commerce en ligne et en magasin, est indispensable pour l’ensemble des commerçants, petits ou grands. Cela nécessite d’investir dans le développement de site internet, dans la livraison, le drive, le click and collect et l’ensemble de la chaine logistique.